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Bonne année 2013 réchauffée

Publié le par Prince Bernard

Bonne année de Montpoulet où s'est produit un réchauffement subit et massif.

 

On nous le promettait depuis tellement longtemps qu'en cet hiver trop clément nous n'avons pas été surpris de voir la mer élever son niveau jusqu'à venir lécher les premières terrasses de la  Principauté. Les arbres, sous l'effet du manque soudain de précipitation, ont laissé place au rocher nu et naturellement, nous avons dû quelque peu adapter l'architecture des bâtiments pour coller au mieux à ces nouvelles conditions climatiques.

 

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Froid, moi ? Jamais ! Je me chauffe à l'essence.

Publié le par Prince Bernard

 

Oui, je me chauffe à l'essence. Alors, je vous entends déjà vous demander de quel jeu de mots je vais être capable. Vous vous dites sans doute qu'à l'instar de Jean de Florette qui voulait cultiver l'authentique, je vais faire dans le spirituel et prétendre à la chaleur de l'essentiel, prétendre qu'à approcher du sens profond de la vie, de la substantifique moelle de toutes choses, l'on se réchauffe le cœur et les arpions autant que l'esprit. Pas du tout. Vous vous attendez peut-être, qui sait, me connaissant mal, à me voir donner dans l'huile essentielle et ses vertus de panacée multicartes. Mais il ferait beau voir que je me lance, à mon âge, dans le New Age et ses niaiseries. Non, c'est bien du Sans Plomb 95 que je parle.

Cela ne me coûte pas cher, à peine dix litres par an, et cela me réchauffe même à l'extérieur de la maison. C'est pas nouveau, cela ne vient pas de sortir, c'est bio, local et équitable puisque je ne traite pas, je ne sors pas de chez moi et tout le benéfice me revient. Et forcément, avec une aussi petite quantité d'énergie fossile brûlée par an, cela me fait une empreinte carbone en béton armé... ou en or massif... enfin, je vous laisse le choix de l'image.

Evidemment, et oui, y'a un truc, il ne faut pas brûler cette essence dans une chaudière banale, ni même dans un réchaud de camping. Moi je la verse dans une petite machine révolutionnaire qui ne mesure pas plus de 70 cm de long     sur à peine 15 de large et de haut. Cette petite machine a eu le grand mérite de remplacer les va-et-vient d'un outil millénaire par le mythique cercle sans fin du mouvement perpétuel. Cette petite machine, surtout, je ne la garde pas dans la maison, elle y ferait trop de bruit.

 

Non, pour le chauffage, je l'emporte au loin dans la forêt et là, grâce à la chaîne à dents qui tourne autour du bras de la machine, j'abats et je débite des arbres, ce qui commence à me réchauffer pas mal, même quand il gèle, et j'enfourne les bûches ainsi produites dans notre poêle-cheminée. Et finalement, tout ce que je paye, ce n'est bien que de l'essence.

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Sépulture mystérieuse à Montpoulet

Publié le par Prince Bernard

Je raconterai un jour comment Montpoulet a servi de brouillon pour Macchu Picchu mais là, c'est d'abord à Nazca que j'ai pensé en découvrant sur des photos aériennes des lignes droites se coupant à angle droit sur la terrasse où nous avions installé le poulailler en 2002.DSCN2544.jpg

J'ai  aussitôt fait vrombir la mini-pelle et me suis mis à creuser. Je suis d'abord tombé sur une sorte de couverture, DSCN2551.jpgcomme un sépulcre en laine de mammouth (laineux) albinos qui semblait protéger de longs cylindres en bois fossilisé,  sans doute pour indiquer le chemin dans le labyrinthe de l'au-delà.DSCN2528DSCN2527.jpg En dessous, un épais lit de pierres de granite, tandis que tout autour il ne s'agit que d'argile.

Et puis crac, l'accident. Alors que je revenais au-dessus de la tranchée que je venais de creuser, une chenille de chaque côté, un bord cède et la machine s'enfonce jusqu'à la tourelle, d'un coup. Sans ceinture, j'étais éjecté. Un moment de panique m'empêche d'envisager une solution. Tourelle bloquée, je ne peux pas compter sur le bras pour me soulever du côté enfoncé. Je pense à mon propre ensevelissement.DSCN2560.jpg

(Je voudrais être enterré ici à Montpoulet, sous l'immense pierre que j'appelle le dolmen, mais je ne suis pas sûr d'obtenir l'indispensable tolérance autrefois accordée aux protestants. Le plus sûr serait de m'enterrer moi-même sans qu'on puisse me déterrer. La solution je la tiens maintenant : soulever la pierre avec la mini-pelle, me glisser dessous et par une simple ficelle, tirer sur la manette qui libérera la pierre.)

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Et la solution vient, une pédale que je n'utilise jamais et qui permet de faire tourner le bras en gardant la tourelle immobile. Au bout de trois minutes, j'ai libéré la machine et bientôt je comprends , en apercevant une clavicule dans le godet, DSCN2594.jpgque l'affaissement n'était pas dû au hasard. Il y avait là une cavité, une sépulture, voilà maintenant un fémur.

 

Je continue à la truelle et dégage progressivement tout le grill costal. DSCN2569.jpg

Tiens, de la matière noire, on dirait des branchettes calcinées... crémation rituelle ? Tentative de faire disparaître un cadavre gênant ? DSCN2574.jpgDes côtes, je passe à la colonne vertébrale qui me mène à un humérus et ce qui semble bien être des dents,DSCN2577.jpg oui, c'est le dessous du crâne.DSCN2579.jpgLa mâchoire fait penser à un hominidé presque équidé...

Ah, voilà le crâne, des cornes, donc sans doute période crétoise. Pas étonnant, avec ce labyrinthe... Savait-on où était enterré le Minotaure ? Maintenant on le sait.

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Lettre ouverte à Jean-Louis Ezine, chroniqueur à France Culture.

Publié le par Prince Bernard

 

Ainsi donc vous êtes un amateur de vélo !

Voilà pourquoi en 1987 vous vous étiez intéressé à mon récit de tour du monde à vélo et m'aviez fait les honneurs de France Culture -et accompli le tour de force de m'en avoir fait payer un cachet de façon à couvrir mon déplacement. Cela m'a marqué à vie et transformé en un de vos fans inconditionnels, ce que je demeure même en découvrant que ce n'était pas (seulement) la qualité de mes écrits qui m'avait valu l'invitation à votre micro. Cela m'avait aussi donné, tant pis si je m'égare un peu, une image dispendieuse du Service Public : c'était alors mon quart d'heure de gloire, j'allais d'organe de presse en organe de presse et j'avais par exemple été reçu par une radio où l'interviouveur, non seulement faisait office d'ingénieur du son et répondait au téléphone mais ouvrait également la porte aux visiteurs. A Radio France, point de pareilles économies, tout un peloton d'agents de sécurité et surtout, en plus du spikeur, au moins trois personnes derrière la vitre : le technicien, la réalisatrice et son assistant... Dès lors, aucun déficit public ne pouvait plus m'étonner.

J'ai à plusieurs reprises failli venir à vous comme un fan éploré qui ne parvient plus à vous suivre tellement vos délicieux billets changeaient d'horaire. Vous interveniez naguère au moment où j’arrivais, en quête de ma baguette matinale, au cimetière de Saint Victor où l’on vient se faire enterrer de loin puisqu’on y jouit de la plus belle vue sur le Mont Blanc. Moi j’y serai à cause de la proximité immédiate d’un fourreau de fibres optiques qui permettra d’équiper ma tombe des derniers perfectionnements numériques, histoire de me garantir une éternité toilée, à l'écoute de vos billets baladodiffusés.

Et puis vous intervîntes plus tôt, ou plus tard, mais en dehors de la fenêtre qui me permettait de vous entendre idéalement dans ma voiture en quête du pain quotidien. Je ne me souviens plus des différents épisodes où je vous retrouvai malgré les caprices de vos supérieurs mais enfin je vous tiens, à la même heure depuis quelque temps et vous êtes la balise principale de ma routine de lever. Vous intervenez entre le rasage et le shampooing. C'est d'une précision assez délicate à assurer. Plus d'une fois j'ai dû vous écouter le poil humide, me retenant de mettre le sèche-cheveu en marche de peur qu'il ne couvre votre voix. Plus d'une fois, j'ai dû interrompre le rasoir pour la même raison. Quand je ne me laisse pas retenir au lit par le radio-réveil, qui ne capte pas France Culture, j'arrive le poil ras et sec à mettre la voiture en route, donc l'autoradio, juste avant que vous preniez le micro. Vous intervenez alors que, moteur rugissant, je m'extirpe de la pente ultra-raide qui descend chez moi au milieu de la forêt et émerge face au soleil qui se lève sur le Mont Blanc.

Votre style, votre formidable et délicat humour, votre maîtrise confondante de la langue sont évidemment un modèle pour moi. Je m'essaye à suivre votre voie dans le blog où je publie cette lettre et ma modestie ne résiste pas à l'envie de vous faire savoir que, si vous m'avez connu il y a 25 ans maçon cycliste auteur d'un récit auto-édité parsemé de fautes d'orthographe, je suis devenu agrégé d'anglais, doyen de la promotion 2011, et cela m'a doté, quoiqu'en disent les critiques sur le « formatage » de ce concours, d'un savoir-faire, d'une rigueur et d'une ouverture d'esprit que je n'avais pas auparavant mais dont je vous sais pourvu. Sans compter la revanche sur de très humbles origines et sur trois décennies en-dessous du seuil de pauvreté.

J'espère donc, sauf à perdre quelques minutes d'un sommeil précieux, qu'on ne vous rendra pas encore plus précoce sur les ondes.

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Naissance d'un poussin et renaissance d'un serpent

Publié le par Prince Bernard

Nos poules OGM font vraiment merveille : à peine ont-elles commencé à pondre (une fois la menace des aigles écartée) que l'une d'entre elle commence à couver. Et commencer à couver un 14 septembre, c'est gonflé !

Erreur de jeunesse quand même, elle abandonne les quatre derniers oeufs pour chouchouter son aîné.

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Pendant ce temps, tout près, une couleuvre verte et jaune, énorme et longue, se débarassait dans les ronces de sa mue, changeait de peau donc et renaissait.

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La nature est multiple et rebelle à l'enrégimentation,

méfions-nous des charlatans :

rates aux cancers, le retour des charlatans anti-OGM


Publié dans Faune pouletmontoise

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Des Circaètes Jean Le Blanc à Montpoulet

Publié le par Prince Bernard

 

          Nos nouvelles poules à cou de vautour et regard d'acier (et qui ne pondent toujours pas, la modification génétique aurait-elle fait dégât collatéral ?) ont attiré une réaction des cieux, ils nous ont dépêché des aigles. Un couple et son aiglon.

          Au début, en mai, la taille de ces nouveaux rapaces avait attiré mon attention mais sans plus. Je les prenais pour des milans, mais j'avais envoyé un cliché de leur silhouette à un spécialiste de la Frapna et la réponse fut nette : Circaéte Jean le Blanc, ou « short toed snake eagle »  (aigle serpentaire à serres courtes)

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          En juin, des visiteurs cyclistes, alertés par des cris, remarquent que les parents se posent toujours au même endroit, sans doute pour nourrir leur aiglon. Nous prenons des repères par rapport à des branches d'acacias sèches, l'une blanche, l'autre noire.

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          Pour essayer ce trouver le nid d'aigle, je suis donc parti jusqu'au Jardin des Hespérides, un ensemble de ruines au lever du soleil qui pourrait bien constituer le mythique Gompaloup où serait caché le trésor de Montpoulet. J'ai dépassé le bosquet de pommes d'or (des figues de barbarie en réalité, à cette altitude et latitude, une bizarrerie comparable à celle du mythe grec), à cette époque en superbes fleurs

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...et failli poser le pied sur le monstre, la grosse vipère aspic qui garde le jardin, et j'ai escaladé le frêne qui pousse à ras du mur. Pas facile, il me faut d'abord poser un genou sur la branche la plus basse avant de me hisser, l'autre jambe sur la pointe des pieds sur une des pierres  du mur en pierres sèches. C'est périlleux, mais dans les îles aussi, ce sont les quinquagénaires qui grimpent aux cocotiers.

 

          Je venais de bien le voir aux jumelles, le couple de Circaètes Jean le Blanc, apporter une énorme couleuvre jaune et noir à leur poussin. Leur nid ne pouvait pas être loin. Ce n'est pas la première fois que je l'escalade, ce frêle frêne, mais cette fois, je monte encore plus haut, jusqu'à ce que les branches ne soient pas plus grosses que mon poignet. Et alors je l'aperçois, le poussin immobile, les plumes au soleil, sur un nid grossier mais très intelligemment dressé sur la plateforme que constitue une javasse qui d'en bas, ne paye tellement pas de mine qu'on ne pourrait jamais soupçonner qu'un nid d'aigle fût là.

          C'est à ce momet-là de l'histoire qu'il convient de s'extasier devant l'intelligence des bêtes et du génie de la Nature...

          L'arbre du nid repéré, j'installe une tente sur une terrasse à mi-hauteur et espère, quelle naïveté, que je pourrais, après une nuit de planque, photographier les parents apporter qui sait, un python ou un anaconda à leur progéniture piaillante. Une photo qui ferait la une de Nature pour sûr...

          Une visiteuse à cheval m'incite à trouver un autre arbre observatoire et c'est deux terrasses plus haut que je déniche le chêne facile à escalader (je ne vais pas non plus, hein, risquer ma vie tous les jours !) qui n'est obscurci par aucun autre feuillage pour donner vue sur le nid. Un nid bien primitif, rien du confort moelleux anglais des nids de mésanges charbonnières par exemple, rien de la délicatesse ouvragée de celui des merles, à peine quelques branches sur la vasque naturelle de la javasse. A se demander comment l'oeuf pouvait tenir et être couvé en même temps. J'y aperçois le poussin, l'aiglon, qui fait le mort, tapi, en attendant ses parents. La cavalière fait une photo. On n'en aperçoit que quelques plumes.

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          J'installe une vieille toile de tente dans les branches du chêne pour n'être pas vu des parents. Mais ils ont la fâcheuse habitude d'apporter leur coronelle ou leur couleuvre à collier juste avant que je sois sur place ou après que je sois retourné à la maison.

          Je savais que l'évènement intéresserait un ami ébéniste et ornithologue à ses heures. Et excellent photographe en plus. Il vint avec un équipement formidable et surtout avec la patience de l'affût. Il tint plus de quatre heures et l'aiglon se redressa, malheureusement dans la mauvaise lumière.

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              Je revins le lendemain et, la chance du débutant, l'aiglon était levé dans la lumière du levant.

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          Il s'envola début août mais n'alla pas loin. Il changeait d'arbre régulièrement mais se faisait toujours nourrir par ses parents. Le repérage des serpents depuis le ciel, cela requiert sans doute un long apprentissage. Par contre, dès qu'il eût quitté Montpoulet... les poules se mirent à pondre.

 

 

          Ces aigles me rappellent un incident d'il y a exactement deux ans : j'avais vécu l'émotion des Aztèques à leur arrivée dans la cuvette du futur Mexico, sans blague ! Je sortais d'un conseil de la classe dont j'étais professeur principal et un collègue m'avait chaleureusement congratulé parce que je venais de présider le dernier conseil de classe de sa carrière. Il prenait sa retraite à la fin de l'année. Moi, cela m'aurait déprimé mais visiblement pas lui... Alors quel rapport avec les Aztèques ? Avaient-ils aussi des conseils de classe ? Ou la retraite à 60 ans, dans la fleur de l'âge ? Ben non, c'est juste qu'avant l'épingle à cheveux d'Empurany (du grec emporion, place de commerce, on a l'histoire longue par ici) j'aperçus un rapace, que je pris pour une buse, qui fondit sur le bas-côté de la route, à quelques mètres de mon véhicule, et j'eus bien le temps d'apercevoir le ventre de la couleuvre que l'oiseau venait d'attaquer, exactement la même vision, toutes proportions gardées, et comme illustrée par le drapeau mexicain, qui a poussé les Aztèques a fonder leur capitale dans la fameuse cuvette lacustre.

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          Le problème auquel, naturellement, je me heurtais alors, c'était comment annoncer à Françoise que tout juste après avoir fini la reconstruction de notre maison, il allait nous falloir recommencer, dans l'épingle à cheveux d' Empurany... Mais me voici maintenant rasséréné, la buse était donc un Circaète Jean le Blanc, et comme signe des cieux, plutôt que l'endroit où il attrape sa proie, quoi de mieux pour indiquer où l'on doit vivre, que l'endroit où il l'emporte, que là où il niche ?

Publié dans Faune pouletmontoise

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26é épisode : Chérie, j'ai éventré la piscine.

Publié le par Prince Bernard

 

Résumé des épisodes précédents : Françoise et Bernard ont racheté en 1994 la ferme totalement en ruines de l’arrière-grand-père de Bernard, à Montpoulet, Saint-Victor. Ils viennent d’abord y passer leurs vacances et défrichent. Ils retrouvent la source, une faune fabuleuse, des voisins hospitaliers tandis que la configuration cabalistique des fondations les fait rêver d’un trésor. Ils viennent s’installer sur place en 1997. Leur permis de construire est refusé puis accepté après plusieurs recours, et les travaux vont bon train malgré l’amateurisme de ces « néo-ruraux ». Parti à la recherche d’ossements, Bernard fait écrouler les fondations de toute une façade et dégage un squelette de veau puis un mystérieux pistolet (On peut lire les précédents épisodes dans La Chronique de Montpoulet)

 

      Si Agatha Christie avait publié ses énigmes dans un blog, donc en feuilleton, elles auraient été résolues par ses lecteurs avant la fin des romans. C’est en effet le cas de celle que j’avais soumise ici la dernière fois et je sais maintenant quel est le type de pistolet que j’ai trouvé dans la patte du veau. Mais de la même façon qu’Agatha n’aurait pas voulu révéler qui était l’assassin avant la fin de son bouquin, j’ai peine à confier tout de suite ce qu’on m’a appris, et ce d’autant moins que l’information provient de mes lecteurs mêmes. 

        Revenons plutôt à ce que j'annonçais : un autre déboire de maçon amateur, comment j’ai fait exploser notre piscine en plastique. En plastique, ça n’a pas l’air sérieux, mais quand il s'agit de 20 m3, c’est à dire de 20 tonnes d’eau, on rigole moins.

        Je rebâtissais le muret de soutènement de la « terrasse géothermie ». C’est la terrasse où il avait été question d’installer une batterie de capteurs photovoltaïques. Il n’y avait jamais eu d’électricité quand nous sommes arrivés à Montpoulet, aussi avions-nous fait appel à une organisation financée par le Conseil Général. Un technicien était venu et avec beaucoup d’enthousiasme à cause de cette terrasse magnifiquement exposée au midi, nous avait beaucoup encouragés à faire le choix de l'électricité solaire. Mais lorsque le devis était arrivé nous avions déchanté. Non seulement l’installation initiale coûtait trois fois plus que le raccordement au réseau EDF, non seulement nous aurions été très limités en équipements électriques, mais le simple entretien des batteries (Eh oui, la nuit, quand on a besoin de lumière, le soleil ne brille plus, une évidence qu’on oublie vite) nous coûtait plus d’un millier d’Euros par an. Nous avions donc dit : « SOLAIRE NON MERCI ».

 

             Mais la terrasse en question ne perdait rien pour attendre. Quand nous avons opté pour un chauffage d’appoint par géothermie pour la plus grande des deux maisons, cette longue terrasse s’imposa, malgré son étroitesse. Il fallait plus de 300 m2, donc l’aménager sur 40 m de long. J’ai relevé les murets comme ils étaient, en pierre sèche. Mais des murets de pierres sèches qui frisent les quatre mètres de haut, c'est rare, et les miens se sont tous éboulés, tronçon après tronçon.

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           Dans l’intervalle, suite à la canicule de 2003, nous avions installé la piscine à un autre endroit très bien ensoleillé... juste en dessous de la terrasse géothermie.

          Et je me souviendrai toujours de cet après midi où j’étais rentré du collège pour faire avancer les travaux alors qu’il me fallait y retourner le soir pour un conseil de classe. Je rebâtissais la plus haute section mais cette fois avec un poteau raidisseur en béton armé, soigneusement caché derrière les pierres.

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            J’étais allé chercher une benne de pierres au chirat que j’exploitais au sommet de Montpoulet. C’était un chirat typique, bien adapté à l’élevage du lapin de garenne comme me l’avait expliqué mon grand oncle. Les pierres ne sont pas entassées au hasard mais en aménageant des galeries où les lapins peuvent se terrer et se reproduire. Besoin d’un civet ? Et bien il suffisait de lâcher un furet sous les pierres et d’attendre, le fusil braqué, que les lapins sortent.

           J’avais trouvé une pierre presque plate qui m’inquiéta un peu quand je commençai à benner. Mais je me suis dit qu’elle allait, justement, tomber à plat et ne pas rouler. Hélas, elle est tombée sur chant et, magnifiquement équilibrée, commença à rouler dans la pente, un peu comme une scie circulaire qui quitterait son giron. Je ne pouvais, impuissant, que la suivre des yeux. Elle vint attaquer le flanc de la piscine et le fendit en deux, une parfaite éventration.

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            Les vingt tonnes d’eau javellisées soudain libérées vinrent rebondir contre le rocher dans un bruit de mer démontée et repartirent vers le bas. Il y avait, à côté de la piscine, un plancher d’un douzaine de palettes en bois. La vague les emporta toutes. Il y avait en dessous de la terrasse piscine, la terrasse jardin et l’abri de jardin. La vague s’abattit sur lui et y laissa un enchevêtrement de palettes et de tuiles tout en en confisquant au passage tous les outils, sachets de graines et tuteurs qui y étaient entreposés.

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       Il y avait en dessous de la terrasse jardin, la terrasse poulailler, dûment encerclée de grillages contre les renards et chapeautée d’un filet contre les buses. La vague ne faisait encore que menacer de s’y abattre que déjà les poules, conscientes du danger, se jetaient, paniquées et tonitruantes, sur les grilles pour chercher à s’échapper. La vague des vingt tonnes d’eau s’abattit sur le poulailler et y laissa les outils de jardin mais toutes les poules lui échappèrent. Et donc, libérée maintenant de tout fardeau, la vague ne faisait que prendre de la vitesse et de la puissance. Elle alla par le Ruisseau de Montpoulet se déverser dans la Daronne puis dans le Doux et c’est un vrai mascaret qui dépassa Tournon et fit monter les eaux du Rhône de plus d’un mètre. Vous connaissez la suite : le TGV qui déraille et percute la centrale nucléaire et comme l’on crut à un attentat terroriste, la guerre fut déclarée à l’Irak...

      Piètre maçon donc, aux gaffes monumentales, mais encore pire éleveur. Nous ne pouvions pas y échapper : à Montpoulet, il nous fallait bien élever des poules et pour les faire se reproduire, mettre leurs œufs au four pour les couver. Des œufs au four pour les couver ? Je vous raconterai cela la prochaine fois.

 

 

 

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Les poules : le retour

Publié le par Prince Bernard

      Bien m'en a pris d'aller donner un coup de fil au poulailler, j'ai ainsi pu identifier le coupable.

       Je précise pour les citadins  que « donner un coup de fil au poulailler » ne signifie pas que notre poulailler soit équipé d'une ligne téléphonique, ni même qu'il faille s'y rendre pour capter un réseau, non, cela signifie  couper herbes et broussailles avec une débroussailleuse portable sur laquelle on a monté , non pas une lame, mais une tête dont émergent quatre fils très résistants auxquels même un grillage en fer ne résiste pas.

        Futé mais pas bison, le criminel avait caché son trou derrière un rouleau de grillage que je me suis empressé d'utiliser pour doubler l'existant troué. Un trou typique de renard, d'à peine 20 cm de diamètre, mais par où Goupil parvient à extraire ses victimes. J'en ai d'ailleurs retrouvé quelques plumes candides que j'ai envoyées au laboratoire pour analyse ADN.

 

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       Bien m'en a pris surtout parce que les poules sont de retour à Montpoulet. Pas de la poule commune à se laisser trucider par le premier Zorro venu, non, de la poule de choc : un croisement entre coq de combat et vautour (femelle) d'où leurs cous dénudés et regards d'acier. Cela leur donne d'ailleurs tout à fait l'allure de vélociraptors et je ne doute pas que le prochain voleur de poules en conçoive une jaunisse en les voyant et décampe sans demander son reste.

 

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Plus de poules à Montpoulet

Publié le par Prince Bernard

Nos poules au port altier, à la cuisse légère et aux sot-l’y-laisse succulents attisent la convoitise des barbares qui entourent notre petite maison dans la forêt : buses variables et éperviers communs, autours des palombes aux yeux rougeschiens errants aux yeux de rage et naturellement, renards roux et fouines grises.

 Nous nous sommes protégés des premiers en installant des filets, des seconds en renforçant la porte qu’ils avaient défoncée, mais les renards ont pour eux la ruse d’agrandir la moindre des failles dans la maille de la grille, patiemment, consciencieusement, jusqu’à obtenir un trou d’à peine 15 cm de diamètre, bien caché par quelque herbe folle et par lequel ils arrivent non seulement à entrer mais à extirper les corps de leurs victimes. Il fallait bien prendre une mesure énergique et d’envergure.

Aussi avons-nous décidé de faire d’une pierre deux coups : institutionnaliser la chasse au renard pour en réduire le nombre et en même temps nous angliciser davantage pour augmenter nos chances d’être admis au sein du Commonwealth. C’est à Roger que revint le mérite du premier gibier, un superbe mâle qu’il a occis d’un coup de... binette. Il est clair que la méthode n’est pas très anglaise. La chasse au renard chez les sujets de sa majesté ne se fait pas à binette mais à courre avec de nombreux chiens limiers. Nous avons évidemment dû adapter la tradition au terrain particulièrement accidenté de Montpoulet. Donc la binette. Roger, déjà fait par nous Marquis de la Ronce pour son travail consciencieux au jardin, fut ainsi nommé « Grand Veneur » pour le courage exceptionnel dont il fit preuve dans cette chasse. Et la nouvelle se répandit chez les goupils. Plus aucun d'entre eux ne s'est plus risqué à portée de binette.

Mais il y eût plus récemment la fouine. Il y a un mois environ. La clameur de la basse-cour a attiré mon attention vers six heures vingt. Je me suis précipité mais le poulailler est loin. J'ai juste aperçu la bête, de la taille d'un chat, mais plus effilé, comme un écureuil mais moins roux, qui s'échappait le long de la pièce oblique qui sert de contrefort à un poteau. Au sommet, un trou dans le filet. Au pied, deux pondeuses, l'une égorgée, l'autre entamée. Deux survivantes et un disparu, le coq nain au cocorico d'airain. On nous a dit que les fouines ne faisaient que saigner, n'emportaient pas. Mais de coq nain, point. Alors ?

Et ce 29 avril an 12 est tout de tristesse, les deux dernières poules ont disparu. Certainement à la faveur de la nuit de tempête, alerte orange, qui vient de sévir : elles n'ont pas touché au blé que je leur ai servi hier soir. Disparition mystérieuse. Le vent a déplacé le filet et a créé un trou à deux mètres du sol. Comment un prédateur peut les avoir déménagées à cette hauteur-là ? Et puis pas une seule trace de lutte, pas une plume ! Pas un cadavre.

Cependant la poule est maintenant une espèce en voie de disparition à Montpoulet. Mais que fait le Fond double Vé ?

 


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Crépines, caillettes et sourciers

Publié le par Prince Bernard

Ah, la tête des archéologues !

... quand dans plusieurs siècles ils déterreront ma crépine de compétition.

 

         Gourou Gore a beau nous avoir bien menti sur le réchauffement de la planète, il y a des étés à Montpoulet où il faut se rabattre sur le Crozes-Hermitage tellement l'eau se fait rare. Nous dépendons entièrement de nos sources. La principale n'a jamais tari. La deuxième qui coule directement dans la cuisine (voyez l'épisode précédent) rend l'âme dans l'été pour ne ressusciter qu'à la première neige. J'en ai donc capté une troisième. Cela se fait normalement au moyen d'une crépine. Mais je n'en avais pas, j'ai donc innové dans l'art récupérateur.

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C’est le balai d'un aspirateur de piscine que j’ai adapté. Comme il s’agit d’un aspirateur par effet Venturi, cela ressemble à un balai de navette spatiale, avec ses deux moignons et son tuyau, que l’on aurait emmaillotés de moustiquaire. Et puis, bien clairement, sur le plastique bleu qu’on nous dit devoir durer une éternité, les mots « fabriqué en Chine » : première enigme pour l'archéologue du futur. Posée sur un lit de grosses pierres, sous un mètre d’argile au milieu de la prairie pentue, pour alimenter la Potte aux Grenouilles où je branche une pompe pour arroser le jardin… Ah la tête des archéologues !

 

Puis, avec toute la prétention qui me caractérise, j'ai réalisé deux plaques commémoratives :

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(Visiteur du futur, attention, la crépine n'est pas de porc)

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(Crépine à effet Coriolis – 3è source. BMx an XI)

... des inscriptions qui, bien avant leur future découverte, méritent une petite explication de texte (à leur découverte, ce sera bien pire : une nouvelle pierre de Rosette !).

              Crépine est un mot polysémique, comme disent les savants. Il désigne aussi la membrane graisseuse (et ajourée, à la manière du crêpe, l'étoffe, son étymologie) qui entoure les viscères de certains mammifères comme le cochon. Cette crépine-là est utilisée en charcuterie et notamment pour la fabrication des caillettes. La princesse vient d'en fabriquer 240. Une tradition de bon « mesnage des champs » : arrivée la fin de l'été, toutes les « herbes » du jardin, blettes, chou et épinards, sont cuites et mélangées à de la viande de porc, dont la tuade est aussi de cette saison.

               Caillette, d'ailleurs, a aussi sa polysémie : notre ami vétérinaire, l'auteur des hystérectomies de cet été, nous a confié qu'il « en faisait aussi des caillettes ». La caillette étant également cette partie des estomacs des ruminants qui termine la digestion. La plus développée chez le veau, c'est elle qui digère le lait après l'avoir « caillé ». C'est là qu'on prélève la présure pour fabriquer le fromage. Ce qui me fait penser au « caille-lait » dont se nourrissent exclusivement les « crache-sang », cet adorable coléoptère encore préservé à Montpoulet. Mais revenons à nos moutons : « faire une caillette », pour un vétérinaire, c'est la remettre en place alors qu'anormalement déplacée à gauche, elle ne remplit plus ses fonctions et constitue une menace mortelle pour l'animal.

               L'observateur attentif aura remarqué que j'ai barré à la peinture l'inscription gravée « coriolis » puisque c'était une lamentable confusion avec l'effet « venturi ». La corriger carrément n'eût servi à rien puisqu'il y a fort à parier que dans plusieurs siècles la peinture aura disparu et que ne subsisteront que les mots gravés dans le béton (elle n'avait d'intérêt, cette peinture, que pour le visiteur de cette page ; tiens, existera-t-elle encore ?) et que ce « coriolis » sera une autre énigme voire le sujet d'âpres débats entre spécialistes de l'épigraphie)

                 Il y a de l’eau partout ici. Dès que je creuse, j’en trouve de petits filets à faible profondeur. Poser les deux fosses septiques m'a imposé d'installer des drains : pour la première, l'eau finissait par liquéfier l'argile dont la masse courba la fosse. Un paradis pour les sourciers. Si j’étais malhonnête je me dirais des leurs. Mais il faut tordre le cou aux croyances moyenâgeuses. Et plutôt que de demander à un sourcier où il y a de l'eau, il conviendrait plus logiquement de lui demander où il n'y en a pas du tout, à aucune profondeur. Je suis sûr que cela le mettrait bien dans l'embarras.

 

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