Le vice de la vis indévissable
Nos députés se sont récemment penchés sur le problème de l’« obsolescence programmée ». Mais pour programmer, il faut vouloir, il faut en avoir l’intention, deux choses impossibles à prouver. Humblement je leur propose plutôt d’interdire les artifices visant à empêcher de simples réparations, ce qui, relevant du concret le plus basique, est facile à prouver. Exemple :
J’ai eu récemment trois appareils électriques en panne. Un aspirateur, une meuleuse et un sèche-cheveux. La seule cause en était la coupure des fils d’alimentation en cuivre à l’endroit où ils sont le plus souvent tordus, invisibles sous le plastique du cordon. Rien de ne plus simple à réparer. Il suffit au minimum de raccourcir, et au pire de changer le cordon et sa fiche. Cela fut rondement mené pour l’aspirateur, loué soit monsieur Dyson, puis pour la meuleuse, encensé soit monsieur Bosch, mais pour le sèche-cheveux, je butai sur deux vis indévissables. LE vice. Maudit soit monsieur Braun !
J’ai une (dé)visseuse électrique dont le coffre ne contient pas moins de quatre-vingt têtes différentes, de façon à s’adapter toutes les têtes de vis de la création. Des fentes plates, des fentes étoilées, des fentes hexagonales, des fentes rondes (sic), des fentes bilabiales, etc. mais rien pour les vis à fente spiralée du sèche-cheveux. Il m’a fallu plusieurs heures pour en venir à bout et s’il avait fallu payer un réparateur pour cette réparation simplissime, cela aurait bien coûté l’équivalent de dix sèche-cheveux. Sauf à compter le traitement des déchets.
Je reconnais toutefois que ma passion pour le bricolage de réparation dépasse parfois les limites du raisonnable. Quelques exemples :
Acier chromé très difficile à percer. Un seul boulon ne suffisait pas à rendre l'ustensile non intempestivement repliable.