En réalité bien sûr, d'une, ce n'est pas une vipère malgré les apparences extrêmement trompeuses comme on en jugera un peu plus
loin notamment avec ses écailles capitales (de sa tête :-D); c'est une couleuvre vipérine. Et de deux, elle n'était jamais partie. Je suppose que la plupart du temps elle se cache entre deux
pierres et lorsque la faim la tenaille, elle part à la chasse aux alevins ou aux têtards comme j'ai pu la voir faire avant de la capturer à nouveau, comme je vais essayer de le raconter plus
loin, afin de vider le lavoir.
En réalité (ah, la fiction c'est tellement plus facile), comme me le dit l'image ci-dessus, la re-capture est intervenue avant
l'essai de ré-étanchisation du lavoir dont témoigne le bloc de béton à gauche censé tenir éloignées les racines du tilleul centenaire trop proche.
Une bonne tête de couleuvre mais une couleur d'aspic et...
des écailles bien inquiétantes :
et surtout, mais là il faudra me croire sur parole, une odeur pestilencielle tout droit sortie des enfers.
Maintenant, sa capture, pour ceux que cela intéresse :
J'avais à peine enlevé la bonde qu'elle avait compris ce qui allait se passer : il n'y
aurait bientôt plus d'eau dans le lavoir. Comme quoi, hein, un cerveau reptilien, c'est déjà un cerveau ! Moi j'étais coincé sur la bonde; avec mes deux voûtes plantaires organisées en sphincter
(si !), je triais. Je laissais passer l'eau mais pas les poissons dont le cerveau reptilien leur fait comprendre que si l'eau s'en va, c'est moins bête de tenter l'aventure et de suivre l'eau que
de risquer de se trouver à sec. La vipérine, elle, a préféré chercher à regagner le sec : dans l'angle opposé au mien, elle s'est dressée pour essayer d'atteindre le rebord. Las, elle n'était pas
assez longue et lorsqu'il n'y eut plus que le bout de sa queue, le tout petit bout, pour l'appuyer sur le fond et la maintenir droite, elle ne pouvait plus monter plus haut. J'ai remis la
bonde pour aller l'aider. Elle a rejeté mon aide. Je l'ai poursuivie quelques instants mais comme je l'ai déjà expliqué, il m'est impossible d'attraper un serpent à mains nues dans l'eau. Par
contre un peu plus tard, elle a renouvelé l'opération dans un autre coin, mais avec moins d'eau, sa tentative était encore plus vouée à l'échec. Elle n'a pas bougé quand je me suis approché, sans
doute résignée, et d'un mouvement sec, je lui ai saisi la nuque, comme si c'était une vipère (ah, le cerveau reptilien des humains, ça vous oblige à de ces réflexes !), et elle était mienne pour
ces quelques clichés.