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Á montpoulet on ne plume pas que les poulets

Publié le par Prince Bernard

Inspiré par un village français voisin où les habitants étaient tellement jaloux du bruit et de la fureur des villes qu’ils ont créé un quartier à l’image d’une banlieue, avec un mur dûment tagué et qu’il ont baptisé Le City, Notre Prince a décidé aussi de faire pareil qu’en ville : une sorte de salle de musculation où l’on se rendrait obligatoirement sans se fatiguer pour pouvoir mieux s’y fatiguer. La fatigue pour laquelle on paye est sans doute meilleure que celle pour laquelle on est payé.

Ici, faute de bâtiments, les appareils sont au grand air. Il y a un plumo-pi (plume-pin), autrement dit un écorçoir, qui vous développe les deltoïdes mieux qu’un anabolisant.

Á montpoulet on ne plume pas que les pouletsÁ montpoulet on ne plume pas que les poulets

Il y a le fameux échenilloir dont j’ai déjà vanté les mérites, non pour éradiquer les processionnaires dont il vaut mieux laisser quelques cocons pour nos coucous, nos mésanges charbonnières et nos huppes fasciées, mais bien, l’engin à bout de bras pour atteindre le sommet des pins, pour tonifier le grand droit de l’abdomen.

Á montpoulet on ne plume pas que les pouletsÁ montpoulet on ne plume pas que les poulets
Á montpoulet on ne plume pas que les poulets

Enfin, l’appareil le plus rustique mais sans doute le plus complet car il muscle à la fois les bras, les jambes, le ventre et le dos, c’est le balais (ici de maçon, mais l’antique balaï à base de genêts convient aussi) pour déneiger les rails d’accès à la Principauté.

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31é épisode : Poules polies et poissons empoisonnés

Publié le par Prince Bernard

Publié aujourd'hui dans l'Écho des Trois Clochers

Résumé des épisodes précédents : Françoise et Bernard ont racheté en 1994 la ferme totalement en ruines de l’arrière-grand-père de Bernard, à Montpoulet, Saint Victor. Ils viennent d’abord y passer leurs vacances et défrichent. Ils retrouvent la source, une faune fabuleuse, des voisins hospitaliers tandis que la configuration cabalistique des fondations les fait espérer un trésor. Ils viennent s’installer dans une caravane en 1997. Leur permis de construire est accepté après trois recours, et les travaux vont bon train malgré l’amateurisme de ces néo-ruraux. Après avoir retourné son tracteur trois fois, Bernard fait écrouler les fondations de toute une façade, et deux pins Douglas manquent tout juste lui coûter la vie (voyez les numéros précédents des Trois Clochers, ou bien www.montpoulet.eu).

Je devais au dernier numéro aller creuser là où y'a marqué « trésor » sur la carte mais j'en ai été distrait par de nombreuses attaques de prédateurs sur nos poules. Elles sont très convoitées, nous les tenons donc recluses. Et chaque fois que je les lâche, nous entrons elles et moi en compétition alimentaire. C'est notamment quand Françoise, notre Nonce Apostolique, incidemment Garde des seaux, marmites et casseroles, s'absente. Je dois alors veiller moi-même à mon alimentation. Et je vise au plus rapide, au plus simple et au plus proche, exactement comme les poules, ce que je résume souvent en deux alexandrins « Je repars, huile d'olive et salière à la main, brouter directement la salade au jardin ».

Par exemple, elles raffolent des vers de terre. Elles les aiment tellement, qu’elles sont prêtes à prendre tous les risques. Oui, le ver de terre est aux poules ce que le haschich est aux assassins (de l’arabe haschischin), c'est-à-dire que cela leur fait perdre toute conscience du danger. Lorsque je terrasse avec la mini-pelle, elles se glissent sous le godet avant même qu’il soit sorti de terre, et lorsque je veux avancer je dois prendre garde qu’aucune poule ne se soit déjà postée à l'avant d'une chenille. Et ce n’est pas qu’elles confondraient chenille et chenillette… Cette association pavlovienne pelleteuse-ver de terre est tellement inscrite en l’intellect de nos gallinacés qu’il suffit que je mette en marche le moteur de la première pour que les seconds accourent, suivent, ou précédent l’engin. Bon, je reconnais, les vers de terre ne m’intéressent pas. Leur goût est très décevant. C’est celui de la terre et je n’ai pas la patience de mitonner des sauces. Je les laisse donc aux poules.

(La larve de l'ergates faber, un gros parasite du bois, a comme le ver de terre le goût de ce qu'il ingère, sauf que là c'est le goût du bois ; il faudrait le faire jeûner sur de la truffe et alors je ne la laisserais pas aux poules.)
(La larve de l'ergates faber, un gros parasite du bois, a comme le ver de terre le goût de ce qu'il ingère, sauf que là c'est le goût du bois ; il faudrait le faire jeûner sur de la truffe et alors je ne la laisserais pas aux poules.)

(La larve de l'ergates faber, un gros parasite du bois, a comme le ver de terre le goût de ce qu'il ingère, sauf que là c'est le goût du bois ; il faudrait le faire jeûner sur de la truffe et alors je ne la laisserais pas aux poules.)

Les poules raffolent des fourmis. Moi de leurs œufs. J’en ai trouvé une fois des milliers entre deux tôles ondulées oubliées entre lesquelles elles avaient établi leurs quartiers. J’ai collecté l’oothèque, en ai sorti quelques aiguilles de pin et mis le tout dans une poêle avec un peu d’huile d’olive. Cela avait exactement le goût, en plus discret, en plus subtil, en plus délicat, des œufs de poule ! Il s’agit donc en la matière de leur laisser les pondeuses et de conserver leur ponte.

 

(les œufs de fourmis ont le même goût que les œufs de poules, qu'on se le dise!)

(les œufs de fourmis ont le même goût que les œufs de poules, qu'on se le dise!)

Non, là où je ne dois rien leur laisser, c’est quand elles prétendent s’attaquer aux Nombrils de Vénus. Non pas que la déesse en ait eu plusieurs ; je parle des plantes sauvages que le dictionnaire appelle « succulentes » et la prétendue sagesse populaire « grasses ». Ces plantes ressemblent à des nombrils, d'où leur nom. Et, on le sait peu, les poules raffolent de la verdure, de vraies herbivores. Qui passent donc allègrement d’un steak de vers à une salade verte. Heureusement que les nombrils poussent essentiellement sur les murs en pierre. Ma taille me permet alors de les brouter (brouter des nombrils, ah !) plus facilement que mes concurrentes qui, polies par force, me laissent faire.

 

(Nombril de Vénus ou Umbilicus rupestris, c'est à dire « nombril des rochers »)

(Nombril de Vénus ou Umbilicus rupestris, c'est à dire « nombril des rochers »)

Voilà pour la première partie du titre. La deuxième est plus dramatique.

 

J’ai tué tous les poissons du lavoir. Bien involontairement. En installant une terrasse, au-dessus du lavoir, en cœur imputrescible de sapin Douglas que j’abats, débarde et débite moi-même, voyez l’allitération. Du bois rouge. Pour ajuster, je rabote et c’est cela qui a tué les poissons. Je veux dire que les copeaux et la sciure sont tombés dans le bassin. Une sciure tout ce qu’il y a de plus naturel, un bois qui n’a connu ni l’engrais, ni le pesticide, ni le fongicide, ni l’insecticide. C’était oublier que la nature est tout aussi toxique que les produits chimiques, qui eux-mêmes proviennent d'ailleurs tous de la nature. La sciure de résineux tue les poissons, c’est comme cela, je l’ai appris à mes dépens. Et par dépens, j’entends aussi cette confusion totale entre naturel, chimique, sain et toxique. Par exemple les renards, buses et fouines sont tout ce qu'il y a de plus naturel, et.... tout ce qu'il y a de plus toxique pour nos poules : quelques jours après une attaque de faucon émerillon qui nous en a coûté une, un autre animal nous les a récemment toutes tuées, toutes ! Quel animal ? Je vous raconterai cela au prochain numéro. 

(Sapin Douglas tronçonné à cœur, rouge)

(Sapin Douglas tronçonné à cœur, rouge)

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Je me lance dans l'art contemporain

Publié le par Prince Bernard

Inspiré, enhardi, aiguillonné par l'exemple de mon voisin artiste paysan, souvenez-vous, je me lance également dans l'art contemporain, avec un diptyque de deux installations qui empruntent toutes deux aux arts premiers (pierre sèche du Limousin, poids et mesures romains) et sont toutes deux parfaitement éphémères, la première à l'échelle du millénaire, la seconde à l'échelle de la... seconde, justement, puisqu'un simple souffle peut la détruire. Enfin, toutes deux utilisent les mediums patrimoniaux du granite (paléolithique) et du fer (téléférique).

Les lecteurs milliardaires auront à cœur j'espère d'investir leurs capitaux dans l'une ou l'autre puisque notre régime fiscal français les y incite tellement qu'on se demande ça et là si la raison d'être de l'art contemporain n'est pas justement cela : la spéculation exemptée d'impôts.

La première, je l'appelle La montagne met son nez -de clown- dans mes affaires, mais ce n'est que faute de mieux et j'apprécierais que le lecteur, même non milliardaire, m'en suggérât d'autres.

Je me lance dans l'art contemporain
Je me lance dans l'art contemporainJe me lance dans l'art contemporain

Œuvre dont la genèse s'explique comme suit :

Je me lance dans l'art contemporain
Je me lance dans l'art contemporain
Je me lance dans l'art contemporain
Je me lance dans l'art contemporain

La deuxième œuvre a un mérite supplémentaire, elle atteste que j'ai bâti une maison qui ne tremble pas : cette balance romaine, lestée d'un poids de 100 grammes, est restée parfaitement en équilibre depuis maintenant trois mois, accrochée pourtant à une des lambourdes d'une mezzanine posée sur un tronc de sapin lui-même reposant sur un Douglas courbe supportant deux toits.

Je sais, une œuvre d'art ne saurait en aucun cas avoir la moindre utilité pratique, mais là, je demande l'exception culturelle pouletmontoise.

 

(les deux clichés du milieu sont de Antoine Simao, la quatrième de Jean-Yves Arnaud)
(les deux clichés du milieu sont de Antoine Simao, la quatrième de Jean-Yves Arnaud)(les deux clichés du milieu sont de Antoine Simao, la quatrième de Jean-Yves Arnaud)(les deux clichés du milieu sont de Antoine Simao, la quatrième de Jean-Yves Arnaud)

(les deux clichés du milieu sont de Antoine Simao, la quatrième de Jean-Yves Arnaud)

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