La défense sournoise du pin sylvestre qu’on abat.
J’ai déjà raconté comment à Montpoulet les arbres savent se défendre lorsque je cherche à les abattre, comment un pin douglas m’avait cloué sur une planche ; comment un autre m’avait envoyé à l’hôpital avec un pneumothorax et comment je m’étais planté la tronçonneuse dans le mollet en voulant débiter un troisième. Mon voisin Maurice résume tout cela en un sibilin « Le bois, c’est traître ! ». Dernier exemple en date : le pin sylvestre qui menaçait nos lignes d’approvisionnement en électricité et téléphone. Déjà une de ses branches, en se détachant, avait failli couper le fil du téléphone et tordu la cornière qui l’attache au poteau.
Quand la nature s’attaque à votre connexion internet, on ne peut que contr’attaquer, non ? Seulement voilà, un pin sylvestre, cela vous a souvent une sorte de coiffe, des branches en parapluie au sommet (comme celui qui avait accueilli le nid de circaètes ) qui empêchent le tronc de se coucher complètement. Il faut alors tronçonner des branches qui sont en tension et qui risquent de vous éclater à la figure en provoquant le basculement de tout l’arbre sur vous.
J’avais pour celui-ci consciencieusement évité tous les pièges quand je m’attaquai à une dernière branche de moins de dix centimètres de diamètre mais dont je ne voyais pas qu’elle était plantée dans le sol. Et c'est bien là que se nichait toute la sournoiserie du pin sylvestre. Crac, la blessure du bois se referma sur le guide-chaîne et ne voulut pas le relâcher. Dans un dernier sursaut, l’arbre me confisquait ma tronçonneuse !!!
Je me débattis en tordant mon engin dans tous les sens pour le dégager. Rien à faire, il fallait négocier… Finalement, j’obtins, en démontant la machine, de reprendre le bloc moteur, puis le guide-chaîne. Le pin sylvestre gardait la chaîne en otage.
Bon, je l’avais bien eu, finalement, parce-que, hé hé… j’avais une deuxième chaîne.