No-fly zone over Mountchicken
Principauté de Montpoulet,
Montpoulet, Chemin de Montpoulet, etc.
Prince Bernard-Régis, Commandeur de l’ordre de la Salamandre Écarlate, Chevalier Servant de la Bicyclette et des Palmes Académiques.
Cabinet du Prince le 11 décembre, an 16 de l’Agirvitébien.
à
Monsieur le Général de Brigade Aérienne Éric AXXXXXX, commandant la Base Aérienne, 701 de Salon de Provence, Chemin Saint Jean, 13661 Salon de Provence
Voilà bientôt vingt ans que nous habitons la Principauté. À notre arrivée en provenance d’un village près de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, nous nous sommes de suite étonnés d’entendre les avions beaucoup plus que là-bas. Nous avons donc décidé d’interdire le survol aux trop bruyants d’entre eux. La pancarte fut placée face au ciel dans un endroit dégagé non recouvert de végétation.
Nous reconnaissons que la pancarte est petite mais les trois pastilles de bronze du point géodésique, enchâssées dans les rochers, ne font pas plus de deux cm de diamètre et les pilotes s’en servent bien… mais voilà pourquoi je vous écris. Je précise que si les aéronefs dépassant les 50 km/h sont indésirables (nous n’avons rien contre les Montgolfières qui, malgré la sorte de rugissement qu’elles émettent lorsque le brûleur est en marche, restent compatibles avec notre sérénissime domaine) nous n’aurions rien, réflexion faite, contre un aéronef plus rapide mais dont le moteur serait silencieux. On rend bien les pistolets silencieux, pourquoi pas les Mirages et les Rafales ?
Rien de tel, vous en conviendrez, que le tonnerre d’un avion chasse, tellement soudain, tellement démesuré, pour nous faire perdre la raison. Puisqu'il nous en reste encore un peu, nous vous serions reconnaissants de l’épargner.
Je vous prie d'agréer, mon général, l'expression de ma sereine et respectueuse considération.
Général de Brigade Aérienne Éric AXXX, Officier de la Légion d’Honneur, Base Aérienne 701 de Salon de Provence, Chemin Saint Jean, 13661 Salon de Provence.
À
Prince de Montpoulet, Montpoulet, Chemin de Montpoulet, etc.
Votre courrier a retenu toute notre attention et, soucieux de ne pas assombrir les relations de voisinage avec votre excellence, nous avons demandé à nos pilotes, lorsqu’ils sont en approche de Montpoulet, de couper leurs réacteurs pendant le dernier kilomètre, afin de survoler la Principauté en vol plané et de ne remettre les gaz qu’une fois la crête de montagne dépassée. Cela ne supprimera pas toutes les nuisances, nous en sommes conscients, mais vous comprendrez aisément qu’un survol plus long sans réacteur pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour les mitrons des cheminées de vos palais.
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques à ce sujet. Nos services sont tout entiers à votre écoute.
Je vous prie d'agréer... etc.