Fourbir ses armes
Ici, point d'épée, point d'obus, point d'arme de... poing, pour lutter contre la nature envahissante, il en faut une qu'on tienne à deux mains, il en faut une qui rugisse et dont les multiples lames coulissent, il faut une tronçonneuse.
Et la fourbir, c'est en affûter la chaîne.
J'ai quinze chaînes, je n'ai donc à affûter qu'une ou deux fois par an. J'utilise une meule électrique dont le ressort a été remplacé par une chambre à air de vélo. S'il fallait un autre point commun que la chaîne avec le vélo, le voilà. Le réglage (30° dans un sens, puis dans l'autre) étant effectué, l'affûtage devient de l'abattage, la meule s'abat et ravive les gouges.
Et voilà... l'acier trempé meulé peut briller au soleil et faire trembler les fibres ligneuses.
Mais il reste le plus délicat : pour que les gouges affûtées puissent pénétrer dans la fibre, il faut rogner les guides de profondeur à l'avant des maillons. La théorie voudrait que ce dernier soit plus bas que la gouge d'un demi-millimètre. La réalité fait que je rabote, avec la meule électrique qui n'est pas prévue pour cela, au petit bonheur la chance. Cela constitue l'élément de glorieuse incertitude, la touche de poésie ajoutée à un ensemble bien prosaïque.