Élargissements 2- Pour motif encore plus sérieux
Je racontais ici il y a quelque temps que nous avions tout fait pour être acceptés dans le Commonwealth britannique (conduite à gauche, chasse au renard, unités de mesure impériales, etc.), que j'avais rempli le formulaire d’adhésion et que je l'avais expédié à Londres, au Palais de Buckingham.
Et bien, cela a pris du temps, mais le Palais de Buckingham nous a répondu. Ou plus exactement les Services Techniques du Palais de Buckingham. Ils nous écrivent, entre autres, que (j’ai traduit) :
« Dût la souveraine se rendre un jour en Principauté, il conviendrait que vos voies (chemins) fussent à la bonne largeur, qu’elles correspondissent exactement à la voie (l’écartement) des roues du carrosse de sa Majesté, soit précisément 1,435 m ou bien encore, puisque vous avez adopté le système impérial, 4 pieds et 8 pouces et demi. »
Alors OK, les subjonctifs n’existent que dans ma traduction. Attention, je ne dis pas que le subjonctif n’existe pas en anglais. On en a un superbe exemple dans l’hymne national britannique : God save the Queen. Vous vous êtes sans doute demandé pourquoi il n’y avait pas de « s » à « save » puisque c’est une troisième personne. Et bien voilà, c’est un subjonctif ! Il exprime l’irréel du souhait : « Que Dieu sauve la Reine ! » et non « Dieu sauve la Reine ! » (de la noyade ?).
J’ai d’ailleurs lu quelque part que l’hymne avait été écrit pour Louis XIV. Il s’agissait de le sauver d’une… fistule anale, bougre ! Et cela a marché. La chanson mise en musique par Lully fut plagiée à la note près par Haendel et, oubliée en France, elle s’est répandue dans le monde entier puisqu’elle est également l’hymne national du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Et bientôt donc de la Principauté de Montpoulet ! Ce qui serait un juste retour des choses.
Mais revenons à plus d'humilité puisqu'il me faut commencer par mettre nos rails de béton aux normes britanniques, en élargir certains et en ajouter d'autres :
L'histoire de ces rails est intimement liée à la conquête de Montpoulet par la voiture automobile. La première à être descendue à la maison fut, selon la légende familiale, la Dauphine de l'aîné de mes grands-oncles. Il avait fallu lui atteler les deux vaches pour la remonter. Je ne sais pas comment le taxi, qui était venu chercher mon arrière-grand-mère pour l'emmener à l'hôpital, était sorti, je sais simplement que le chauffeur a catégoriquement refusé de revenir.
La première voiture que nous avons descendue n'a pas pu remonter. Nous n'avions aucune paire de vaches pour la sortir, aussi il a fallu couler du béton aux endroits où une combinaison de roches dures et d'argile poussiéreux rendait l'adhérence impossible. Essentiellement dans les deux virages en épingle à cheveux. Mais nos petites voitures, les seules à bien s'en sortir, n'étaient pas larges. Comme les charrettes de mes aïeux.
Maintenant, il faut bien faire comme le restant du monde. Un mètre et trente six centimètres et demi entre axes. Un écartement qui, entre nous soit dit, a conduit, par l'intermédiaire de l'écartement des rails de chemins de fer (calqué lui aussi sur le carrosse de la reine), à donner un diamètre maximum aux boosters des navettes spatiales américaines, pour qu'ils puissent être amenés par train sur le pas de tir, donc par des tunnels. Un autre lien, donc, entre Montpoulet et la conquête spatiale.